C'est en regardant du coin de l'oeil le contre-la-montre féminin d'Innsbruck que je vous conte aujourd'hui ma Forestière
Après 2 jours tranquille dans la ferme de ma cousine à 20 minutes d'Arbent, je suis calme et reposée. Le départ est assez tardif pour un marathon. Je me lève comme une fleur à 7h et nous nous rendons aux Moussières, point de départ de la course UCI dames. Au programme, 75km pour 1800m de dénivelé. Sur le papier, rien d'extraordinaire, mais je me méfie. Tout le monde dit qu'il s'agit d'une course difficile.
Nous arrivons sur place à 9h. J'installe mon rouleau à côté de la voiture ... qui se trouve à côté du champ ... où broutent les chèvres ... et ça pue le bouc :`-) Bucolique et juste magnifique !!!
10h15, c'est le départ. Pour une fois, nous sommes entre nous, que des dames. Le rythme de base est donc forcément un peu plus lent. Nous faisons la première montée goudron en nous observant un peu. Puis c'est le départ dans les singles. 3 filles prennent les devants : Estelle Boudot, Bettina Janas et Noémie Médina. Je suis juste derrière avec Michelle Wittlin et Mercedes Peraltade. Je passe en 4e position avec de poser pied dans une grosse flaque de boue. Retour à la 6e place. Je m'arrache pour remonter, je repasse 4e, je glisse, chute et rebelotte 6e. Bon, le troisième essai sera le bon. Les 3 premières ne sont pas loin devant. Je maintiens un rythme élevé. Noémie commence à lâcher et je me vois bien la bouffer. Mais elle s'accroche. Nous avons à peu près le même rythme et il me faut bien 10 kilomètres pour la dépasser et finalement la lâcher. Estelle et Bettina ne sont plus en vue alors je pars en chasse. Malheureusement, nous nous trompons de chemin avec quelques messieurs qui sont partis font la randonnée. 100 mètres superflus qui font que je me retrouve à nouveau derrière Noémie. Puis une vilaine chute en me prenant dans des fils de fer d'une barrière mal placée ... décidément, ce début de course est mouvementé.
Je termine donc mon tour de décantation de 18km théoriquement en 4e position. Mais d'après le speaker, je suis troisième. Bref, j'avance et je verrai.
Il me faut 10 kilomètres de plus et beaucoup d'effort pour reprendre Noémie. Je lui prends un peu de temps, que je perds complètement au ravitaillement. Elle a un camelbag et n'a pas besoin de s'arrêter. Je continue à m'arracher et parvient vraiment à la distancer dans les kilomètres suivants une descente un peu plus conséquente.
Nous sommes maintenant au 2/3 du parcours. D'après les spectateurs, je suis deuxième, à 5 minutes de la première. Je continue à pédaler, sans trop me poser de question. Une longue montée, je pense être bien installée dans mon classement, je me retourne par acquis de conscience ... et qui est là juste derrière ... Noémie !!! Caramba !!! J'appuie encore plus fort, je maintiens ma minute d'avance. Il reste 15 kilomètres dont une bonne portion de descente finale. Le chemin est toujours aussi raide, irrégulier et sinueux. 13km ... je m'accroche. Il me semble avancer encore correctement. Un groupe de gars me revient dessus. Et au milieu des ces Messieurs, Bettina !!! Je lui demande si elle avait crevé, elle me répond qu'elle s'est perdue deux fois. Bon, maintenant je suis officiellement troisième, toujours confiante d'arriver à rester sur le podium. Sauf que dans la roue des Messieurs, il y a aussi Noémie !!!! Re - caramba !!! Je suis scotchée. Elle est juste derrière. Je n'en peux plus. Un portage de plusieurs minutes, je suis toujours 3e au sommet, mais cette fois, je finis dans le mur. Il reste moins de 5 kilomètres, mais je n'ai plus de jus, la tête tourne et je rigole presque tellement je n'avance plus. Noémie passe, je me dis que c'est vraiment trop bête, j'essaie encore une fois mais c'est peine perdue. Je me fais larguer de plus belle et termine en roue libre, ne pensant plus qu'à assurer de rejoindre la ligne d'arrivée sans casse et de ramener le maillot de l'Alpine Cup à l'arrivée. C'était le but principal du jour. Le reste, du bonus !!!
Mission accomplie
4 courses au fil de l'été, 4 marathons dans au sein des plus beaux décors : Les Dolomites en juin, le Mt-Blanc en juillet, Valais en août et Jura en septembre. Que d'images, d'émotions et de souvenirs. Que d'efforts pour un sacre final et beaucoup de bonheur. Je suis simplement heureuse d'avoir pu mettre mon nom au palmares de ce beau challenge naissant. Un grand merci à tous ceux qui n'ont pas compté leur temps et leur énergie pour rendre cette aventure possible.
