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La Tramun

Dimanche 14 octobre 2018 à Girona en Espagne


Troisième Dames
en 6h50'44''

 


Deux jours après le Roc d'Azur ... La Tramun à Girone, Espagne. Une course en ligne de 76km, presque uniquement sur des sentiers.

Nouvelle journée dans le Sud, nouvelle aventure détrempée. Une course dantesque ou tous les finishers peuvent juste être fiers d'avoir ramené leur vélo à la maison.

5h15 ... debout, déj, routine habituelle

6h15 ... rendez-vous pour prendre le bus qui nous mène au départ

7h30 ... arrivée sur place

8h00 ... 15 petites minutes d'échauffement

8h30 ... C'est parti

Le mot d'ordre du speaker au départ est simple : "Partez vite pour bien vous placer, parce qu'après, il n'y a que du single et c'est difficile de dépasser." Message reçu 5 sur 5. Je me lance à fond dans le premier kilomètre de plat, puis de bon coeur sur la route goudronnée qui commence à s'élever. Je m'attends à devoir tenir 5 minutes, mais la route se prolonge et je n'en vois pas la fin. Quelques concurrentes sont déjà assez loin devant, mais j'ai une Espagnole en vue et une autre derrière. Alors je m'accroche pour rester dans les parages. Et mon histoire de quelques minutes à fond se transforme en une demi-heure où je sais que je gille déjà des cartouches. Bon ... on verra bien. Les sept premiers kilomètres sont bouffés. Il en reste 70, et c'est parti pour du sentier.

Lors d'un tronçon de descente, je passe Meritxell, l'Espagnole de devant. Portion suivante, je me fais avoir par deux filles que je ne connais pas et qui me passent comme des boulets de canon. Ca c'est réglé, je dois maintenant être à peu près 7e. La course continue. Je paie un peu mes efforts du départ, et physiquement meilleure, Meritxell me repasse et prend le large assez rapidement. Plats montants, coups de cul, je me bats pour rester devant la fille de l'équipe LIV qui est juste derrière moi. Nous sommes à deux heures de courses, 25 kilomètres de couverts ... la route est encore longue. Comme une descente assez scabreuse nous attend, j'espère pouvoir faire la différence creuser un trou conséquent. Sauf que ... c'est tellement scabreux ... que nous sommes tous à pied à la queue leu leu. Rien à faire pour le moment. A force de patience, je parviens à dépasser les personnes devant moi. Nous ne sommes plus que deux, techniquement meilleurs que le gros des troupes et fonçons de plus belles dans les lacets, les trous et les talus. Une vraie partie de plaisir sur mon Spark tout-suspendu qui me convient si bien. Nous sommes à mi-parcours, 3h20 à ma montre. Heureusement, le gros du dénivelé est fait et la deuxième partie de course devrait aller plus vite. ... En théorie ... Parce que c'est dans ces eaux-là qu'il commence à pleuvoir. Quelques gouttes seulement. Ouf ! Mais l'orage nous a précédé de peu et le terrain commence à être sérieusement mouillé. Et de mouillé, il va petit à petit passer à détrempé. J'ai fait connaissance vendredi avec la boue française, je découvre aujourd'hui chaque minute un peu plus la gadoue espagnole. De la glaise blanche glissante et dégoulinante. Je suis fatiguée. Mentalement surtout, j'en ai assez de me battre. Alors je me dis que quoi qu'il arrive, mon but est de finir la course sans être complètement dégoûtée du VTT. Je me marre tellement ça n'avance pas. Je passe le signal des 45 kilomètres. Trop bien, il n'en reste que 30 !! Et comme je régate à 6 km/h, je devrais y être dans 5 heures :`-)

Un peu au bout du farte, je traîne et la fille LIV me revient finalement inexorablement dessus. Désabusée, je la laisse passer en m'en foutant un peu. Sauf qu'en fait, elle ne prend pas le large. Elle est même plutôt autant scotchée que moi. Du coup, le moral revient, l'énergie et la jambes aussi. Je la repasse quelques minutes après et cette fois-ci ne la reverrai plus. Je continue sur mon nouveau bon rythme. Je vois Bettina Janas qui n'avance pas très vite à la descente, et dans la boue non plus. Je la passe aussi avec grand plaisir ! 10 minutes plus tard, c'est une autre fille qui semble au bout de sa vie. Et hop, la voilà bouffée. Sérieusement, qu'est-ce qu'elles ont toutes ? Ne pourraient-elles pas juste avancer un peu sérieusement, histoire que je finisse ma course tranquillement ? Je plaisante. Me revoilà au taquet. La glaise est de plus en plus glissante. Nous arrivons dans un espèce d'oued détrempé. Nous atteignons le fond sur les fesses et nous retrouvons à quatre au fond sans pouvoir remonter de l'autre côté. Impossible, trop glissant. Un des gars arrive finalement à monter sans son vélo que son copain lui passe après. Du coup, il peut m'aider à sortir. J'aide le suivant et ainsi de suite. Je reprends ma route ... il reste 20 kilomètres. Quelques virages de malade fait à pied, et revoilà Meritxell au bord du chemin essayant de désembourber la chaîne de son vélo. Le mien pèse une tonne mais tient le coup. Je remercie Scott et les mécanos qui le bichonne au cours de la saison. Nouvelle montée, nouvelle descente, une autre fille que je passe. Elle a perdu ses plaquettes de frein arrière. Oups ... Mal barrée ;-)

A ce moment-là, je ne suis pas très sûre de mon classement. Mais je sais que je viens de gagner 5 places en une heure. Il reste 15 kilomètres, mais principalement de la descente. Je fonce, serpente entre les arbres, mes plaquettes de frein avant sont mortes. Je profite d'un gros déluge pour alléger mon vélo des ses kilos de boue, fonce encore et arrive dans le dernier plat. Aucune idée de la distance qu'il reste à couvrir, mais c'est moins de 10 kilomètres. Je ne regarde presque pas derrière parce que je sais que j'ai un peu d'avance et que de toute façon, je ne peux pas aller beaucoup plus vite. Du plat roulant ... que ça fait du bien. Je vois enfin le signe des 5 kilomètres avant l'arrivée. Je suis à 25 km/h et espère que ça ira enfin vite. Mais une gentille dame me fait signe et je replonge dans un petit sentier. 4 kilomètres ... Ca n'avance de nouveau pas vite. 3 kilomètres ... je rejoins un gaillard et le bord de la rivière ... qui a débordé. En fait, le chemin est maintenant la rivière. Je ne vois rien du fond, mais je continue comme je peux, avec parfois de l'eau presque jusqu'à la selle. Nous sortons à trois de l'inondation. 1 km. Mes vitesse ne passent plus. Je suis coincée sur la plus petite et c'est un truc à perdre dix minutes. Autant courir dans ce cas-là. Je check mon dérailleur et y trouve un demi sac en plastique coincé. Je perds une bonne minute mais arrive à en enlever assez pour pouvoir redémarrer. Ouf ... toujours personne derrière. Ca serait vraiment trop bête. Je file vers la ligne en m'assurant que personne ne sprint derrière moi pour me bouffer. 6h50 de course, exténuée et affamée, je passe la ligne d'arrivée. Il me faut voir 3 personnes pour savoir à quel rang je termine finalement, et encore 3 autres pour savoir si je dois rester pour le podium. Je titube, rejoins le ravito, avale 12 morceaux de banane et deux paquets de chips avant d'avoir assez de force pour aller gicler mon vélo. Je gicle la fille en entier par la même occasion. Retour toujours aussi titubante à la tente, ou je m'écroule finalement en larmes, contre-coups de l'effort, de la fatigue. Les samaritains arrivent. Je les rassure, ça m'est déjà arrivé. Il prennent tout de même ma glycémie et ma saturation en oxygène ... En effet, rien de grave. A défaut de couleurs, je retrouve finalement le sourire et attends avec mes concurrentes une remise des prix plus que méritée.

Une journée pour des guerriers !!!


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