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MB Race 70km

Samedi 7 juillet 2018 à Mégève, France


Deuxième manche de l'Alpine Cup aujourd'hui.
Réveil à 3h30, déjeûner, préparatifs, échauffement. Barbara et moi sommes au taquet. La température du petit matin est déjà idéale et nous devrions être rentrées avant les grosses chaleurs de l'après-midi.
Mission pour moi aujourd'hui : Gagner !!!  Je suis hyper motivée et ai rarement été aussi en confiance. Je sais déjà que la route sera longue, mais pas tant que ça. Je compte sur une course de 5 heures envion. Ma plus grande rivale, pour l'Alpine Cup en tout cas, est Michèle Wittlin. Je ne l'ai battue à Val Gardena que grâce à une crevaison sur la fin de son parcours. Il est presque 6h, nous sommes à l'avant de l'immense groupe de coureurs qui prennent le départ de cette course incroyable. Pour les dames, le parcours retenu par l'UCI est 70km. Mais il y a également une option à 100km et un autre à 140km, avec un dénivelé de près de 7000m. Chapeau bas à tous ceux qui se lancent dans un pareil défi.
Tout le monde s'élance donc à 6h sonnante. Comme chaque fois, je lâche bêtement du terrain dans les premières minutes et me retrouve à l'arrière du groupe de tête. Nous sommes probablement une centaine de coureurs. Michèle est quelque part à l'avant. Je fais un peu l'accordéon et fais bien attention de ne pas me laisser décrocher. Les dix premiers kilomètres passent très vite. Le peloton s'est étiré, et je ne suis toujours pas revenue sur Michèle. Pire, je ne la vois toujours pas :-( Je commence à paniquer un peu, me disant que c'est vraiment stupide de l'avoir laisser partir sans vraiment connaître sa forme du jour. Je continue à progresser le plus vite possible, sans griller de cartouches. Nous sommes sur la partie la plus facile de la boucle et nous ne sommes pas au bout de nos peines. A l'attaque de la première longue montée du jour pour le Col du Jaillet, j'aperçois enfin furtivement une queue de cheval à l'avant !!! OUF !!! Reste maintenant à gentiment revenir sur elle. J'y travaille, je la vois, j'y travaille encore, je la vois toujours, je ne cesse d'y travailler, mais l'écart ne semble pas se réduire. Elle est là, juste devant, à 20 mètres, tantôt en danseuse, tantôt à mouliner, et j'ai beau aller le plus vite possible, je n'arrive pas à boucher ce petit écart de rien du tout. Je deviens folle :-) Après un virage, la route devient soudain encore plus raide. Elle est à quelques mètres, glisse et doit mettre pied à terre. Après une heure de poursuite, je parviens enfin à la dépasser. C'était le dernier moment ... nous sommes presque au sommet. Je reste devant, histoire de ne plus me faire distancer. Petite section à pied pour passer le col. Les rochers sont glissants et elle semble moins habile que moi dans cette tourmante passagère. Je parviens à m'échapper avant de faire une toute belle descente vers La Giettaz. J'ai changé mes vélos cette année et suis passée en 29 pouces de diamètre de roues. Avec ce rayon un peu plus grand qu'avant (27,5), je suis vraiment très à l'aise et en confiance dans les parties techniques. Malgré le fait que ce soit un peu boueux, je tire vraiment bien mon épingle du jeu. Ca semble être moins le cas pour les filles derrière moi. Le fait est que je me retrouve seule en bas :-)
J'ai vu sur le profil du parcours que la partie à venir risque d'être plus roulante. Je m'applique donc à rester avec les gars qui m'entourent et nous gardons tous un rythme soutenu. Les kilomètres défilent, pour le moment sans que je les vois passer. Me jambes sont toujours bonnes et la pompe pas encore trop récalcitrante. 3h30 de course environ maintenant. Il reste une grosse difficulté. 10 kilomètres d'une longue bosse raide pour rejoindre le Mont de Vores, point culminant de la course à 2050m d'altitude. En quittant la vallée, je ne peux m'empêcher de penser de plus en plus que je vais peut-être bien gagner. Du coup, je commence à me retourner ... de plus en plus souvent. Personne derrière, même loin. Je regarde, j'avance, je regarde encore, j'avance. Ca monte, raide, très raide, je marche, je regarde toujours. Le stress et la fatigue font que j'ai maintenant vraiment hâte d'être à la fin. Dernier ravitaillement, on me dit que c'est presque fini. Ca, c'est sans compter la demi-heure qu'il reste pour arriver au somment, et la demi-heure encore derrière à faire des hauts et des bas pour finalement rejoindre le dernier plongeon sur Megève. Après 5h de course environ, il est enfin temps pour moi de basculer. Pfiou .... Je n'en peu plus de checher mes arrières. Je me dis que je suis trop bête. Je ferai mieux de me concentrer à pédaler.  Mais bon, quand les jambes font mal et le coeur fatigue, les cellules grises partent parfois en vrille. Je suis assez seule à ce moment de la course. Les concurrents sont très dispersés. Je regroupent mes neurones pour ne pas rater les balises du parcours et savoure cette dernière descente de 5 kilomètres. Je ne prends aucun risque. Un passage de racines à pied, un chemin caillouteux sans difficulté et je rejoins les maisons et les promeneurs. J'entends le speaker au loin. Un dernier coup d'oeil en arrière ;-) avant de traverser le centre du village et rejoindre le coeur léger cette ligne d'arrivée tant désirée.
2e victoire en coupe du monde de ma carrière et une belle option aujourd'hui pour le classement général de l'Alpine Cup. Me voilà en tête après 2 manches sur 4.
Suite au prochain épisode le samedi 18 août, à la maison, entre Verbier et Grimentz où j'essaierai en plus de défendre mon titre au Grand Raid

F Darbellay 2018 MB Race 00
F Darbellay 2018 MB Race 01
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