Les 36 heures après la Trans ont passé vite !! Rangements, un max de récup, bagages, trajet jusqu'à la Clusaz, inscription et nuit sur place.
La diane est à 5h15. J'ai vu pire. Malgré une routine matinale bien rôdée, je me retrouve à la bourre sur mon rouleau pour une vingtaine de minutes de mise en route. L'objectif du jour est une podium, mais je ne vous cache pas qu'une victoire serait fort sympathique. Pour cela, il me faut battre Bettina Janas et Rebecca Leaper. Pas une mince affaire.
Dix minutes avant le start, je me rends sur la ligne, motivée à prendre un bon départ et ne pas perdre mes adversaires de vue. Nous sommes normalement dans un bloc juste derrière l'élite masculine, mais comme il n'y a pas de banderole, rien n'empêche de nous glisser un peu vers l'avant. Bettina en tout cas le fait, et je ne la lâche pas d'une roue ;-)
Il est l'heure, c'est parti, pour une aventure de 85km, 3400m d'ascension et probablement dans les 6 heures de vélo. Autant dire que je ne m'excite pas quand je vois Bettina prendre les devants. Je la garde à l'oeil, au moins au début. Mais très vite, elle prend le large. Je suis à fond, dans la forme du jour, avec malgré tout un peu de fatigue physique. Mais je me dis que la route est longue et qu'elle part souvent très vite.
Malheureusement, plus la route s'élève, moins je la voie au loin. J'ai même une autre fille qui me talonne. Bon, je suis toujours deuxième. Les dix premiers kilomètres ... je regarde devant et derrière avec l'espoir de revenir. Les dix suivants ... l'horizon à l'avant se dégage ... plus de Bettina ... je regarde surtout derrière. Un tiers de la course ... personne à l'arrière non-plus. C'est donc entourée uniquement de quelques messieurs charmants que je m'élance dans la longue descente qui nous mènera à mi-parcours. Je la couvre à vive allure, prenant plaisir à déjouer les pièges des flaques de boue et des racines rendues glissantes par une pluie fine.
J'arrive finalement au ravitaillement du Grand-Bornand. On me confirme que Bettina est passée il y a ... 10 minutes et quand je pose la question sur l'arrière course, on me répond "Oh ... c'est loin". Je suis seule au monde. Je maintiens tout de même le meilleur rythme possible et garde un oeil sur une possible tache blanche loin devant. On ne sait jamais, Bettina pourrait câler. Plus les heures passent pourtant et plus je pense simplement à l'idée de rentrer. Concentration, effort, vent, raidars, caillasse, portages à répétition ... l'organisme ramasse et c'est tout de même un peu entamée que je retrouve finalement la Clusaz après plus de six heures de chemin.
Une jolie deuxième place, de bonne augure pour la suite. Il manque certes encore un peu de tempo, mais la caisse est bien là ;-)
