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Cape Epic

Du 17 au 24 mars 2019, Région du Cap, Afrique du Sud


Général mixte : 4e en 34h10

Prologue : 3e en 58'54
Etape 1 : 7e en 5h53
Etape 2 : 6e en 4h46
Etape 3 : 4e en 5h57
Etape 4 : 4e en 2h07
Etape 5 : 3e en 5h42
Etape 6 : 4e en 5h08
Etape 7 : 2e en 3h39


Ca y est, nous y sommes enfin. Le Cape Epic 2019 débute et nous faisons partie de cette grande fête du VTT.

Team Nardinature, dossard 293

Coureurs : Eric Morard de Chermignon et moi-même

Equipe de soutien : Mon oncle Louis, ma tante Claude, mes parents André et Denise

Suite à un safari en famille au Zimbabwe en 1995, nous sommes tous tombés sous le charme du continent africain. Lorsque j'ai par la suite entrepris ma carrière de cycliste, il nous a donc semblé évident que je participe une fois si possible au Cape Epic.

Depuis plusieurs années, j'en parle avec Louis, mon oncle. Voilà longtemps qu'il me dit que non seulement il m'aidera financièrement à y participer, mais qu'en plus, il m'y accompagnera avec son épouse Claude, fondatrice et propriétaire de Nardinature, entreprise de paysagiste et aménagement d'extérieur à Genève.

2016, j'y songe. 2017, je m'y intéresse. 2018, je n'arrive pas à avoir de ticket d'entrée. Et finalement 2019, nous nous envolons.

Durant l'été qui précède l'échéance, je demande à Eric Morard s'il est d'accord de m'accompagner dans ce périple. J'ai déjà participé deux fois aux Chemins du Soleil en France avec lui et je sais que notre équipe fonctionne bien. Quelques heures de réflexion et sa réponse tombe, heureusement positive. Nous sommes ainsi déjà 4 à y aller ... c'est sans trop d'hésitations que mes parents, mes plus fidèles supporters, acceptent de se joindre à nous pour l'aventure.

Prologue, Cape Town - Cape Town, 20km, 545m d'ascension

Après une nuit tout à fait correcte, nous sommes transférés de bon matin jusqu'au site de l'université de Cape Town. Après un échauffement un peu compliqué de 30 minutes sur le campus, nous nous rendons au départ. 20 minutes entre le moment où nous sommes appelés et le coup de pétard. La tension monte. Toute l'équipe nous a rejoint, les nerfs sont à vifs, nous apprécions chaque seconde de ce moment inoubliable. Et pile à l'heure, nous nous élançons vers nos vingt premiers kilomètres de course. Nous avons fait la reconnaissance du parcours la veille, tout se passe comme sur des roulettes et nous bouclons le tour en 57 minutes, à fond, sans oublier de lever le nez à l'occasion. N'étant pas listés dans les favoris, nous avons tout le temps de nous doucher avant d'aller voir arriver les dernières équipes mixtes qui partent quelques heures plus tard. Il y en a 4 ou 5 de vraiment dangereuses. Au final, nous terminons à une très belle 3e place, à 5 minutes du couple Spark d'Allemagne et 1 minute de l'équipe Freire/Egusquiza d'Espagne. D'autres concurrents nous suivent de peu. Tout simplement palpitant !!!

Un peu de bus et nous arrivons au village de course d'Hermanus où nous prenons possession de notre tente avant de savourer la remise des prix. Ce n'est pas tous les jours que l'on se retrouve sur un podium aux côtés d'un multiple champion du monde :-)

Etape 1, Hermanus - Hermanus, 110km, 2300m d'ascension

Il y a des jours comme ça, où le défi ne semble pas suffisant !!!

Première vraie étape de ce Cape Epic 2019, nous nous élançons à 7h15 pour une belle bataille. Les groupes de départ ont été déterminés en fonction du temps du prologue. La première équipe mixte s'est élancée 10 minutes avant nous, nous sommes dans le même bloc que trois autres équipes mixtes, les autres partent plus tard.

Pile à l'heure, le groupe s'envole. Un joli peloton. Nous sommes concentrés, le rythme est assez rapide et nous nous en tirons bien à rester cachés dans les roues. La première heure passe. Nous jouons au chat et à la souris avec les deux équipes mixtes espagnoles (Oscar Freire/Natalia Fischer en rouge et Batalla/Ortega). Au fil des kilomètres, nous arrivons cependant à passer devant et à creuser un petit trou. Natalia ne semble pas avancer très vite et les rouges sont assez vite hors de vue. Les roses par contre s'accrochent. Nous les semons au premier ravito après 30 kilomètres de course. Mon bidon étant encore à moitié plein, je décide de ne pas m'arrêter. Eric remplit le sien et me rattrape progressivement. Eux s'arrêtent. Nous continuons notre route, accrochés mentalement et physiquement à quatre bons rouleurs qui pourraient nous être très utiles par la suite.

Une montée assez longue, du plat, une nouvelle montée, re–du plat, nous zigzaguons avec aisance dans une espèce de bruyère locale. Le sentier est magnifique. Je suis toujours très à mon affaire, mais la vitesse est rapide et je n'ai pas le temps de voir un caillou planqué dans un buisson. Ma roue avant plante avant que je puisse réagir. Mon vélo vole, moi aussi, il me tappe dans le dos. Je me relève, pas de bobo, j'empoigne ma bécane, et c'est encore toute heureuse de pouvoir repartir sans mal que je me rends compte que ma selle n'est plus sur sa tige. Elle ne tient au vélo que par la saccoche. Une des attaches de la tige est cassée et la situation est irréparable ... Alors bon, que faire ... repartir et rester debout ;-) Nous sommes au kilomètre 40 et il y a un petit ravitaillement (d'alimentation uniquement) peu après. Peut-être qu'ils auront tout de même de quoi nous aider. Comme redouté, il n'y a rien. Flûte. Le prochain point mécanique est au kilomètre 63. C'est reparti pour le bal de la danseuse. Nous voyons toute l'équipe Nardinature au bord du chemin et leur crions de partir devant pour voir s'ils peuvent nous organiser une réparation. J'avance, je m'accorche. Eric m'aide comme il peut en restant devant moi pour me faire profiter de l'aspiraton, portant ma selle et ma saccoche. Malgré tout, nous avançons encore relativement vite et les roses mettent un bout de temps à nous passer. Nous réfléchissons à la meilleure tactique et décidons de démonter ma tige de selle, de manière à ce qu'Eric puisse la prendre avec lui, partir un peu en avant (maximum 2 minutes autorisées) et déjà trouver le bon diamètre de tube au stand mécanique. Dernier kilomètre, je respire, j'y arrive. Je vois Louis qui négocie avec la commissaire de course, Eric est à côté. Pas de tige !!!! Je ne suis pas UCI et ne peux pas profiter d'un autre matériel que celui disponible dans le stands. Personne ne peux m'aider. Et le pire de l'histoire, c'est que non seulement nous ne pouvons pas recevoir de pièce de rechange de notre team, mais nous ne pouvons pas non plus leur en donner, sous peine de disqualification. Eric va donc devoir se coltiner tout mon matos jusqu'à l'arrivée. 

Mon soucis à ce point de la journée, c'est que je commence à être assoiffée. Dans la précipitation, nous n'avons pas rempli de bidon au deuxième ravitaillement. Je n'ai donc bu que 7dl jusque là et maintenant, avec mes mains qui doivent rester sur mon guidon tout le temps, je suis presque obligée de m'arrêter pour boire ou manger. Je ne le fais donc que quelques fois et bois de grosses quantités à chaque fois. Mon bidon est rapidement vidé et je crève toujours de soif. Heureusement, il y a un point hydro peu après, au kilomètre 83. Enfin ... normalement ... parce qu'il est tellement mini que nous ne le voyons pas. C'est donc tous les deux desséchés que nous faisons la dernière grande montée. Kilomètre 92, enfin le dernier vrai ravito. Je bois plus d'un demi-litre de flotte cul-sec. Toujours pas de tige de selle à disposition. Je me lance dans les 19 derniers kilomètres avec résignation, sachant qu'ils sont principalement descendants et devraient passer plus vite. Ouf !!! Nous en sommes à la moitié lorsqu'Eric se retourne et me montre du doigt l'équipe qui nous précède. Il s'agit des rouges. Juste incroyable !!! Le coeur un peu plus léger, nous nous faisons un plaisir de les dépasser, même si nous nous faisons reprendre peu avant la fin. Pas grave. Pour nous deux, la situation était claire : il fallait que j'aille le plus vite possible, sans pour autant me griller les jambes pour toute la semaine. Eric m'a fait un bien fou en route en me disant simplement que quelque soit le résultat final, il ne saurait être déçu. Un grand merci à lui pour son soutien dans ces heures de vélo un peu plus scabreuses que prévues. Et au final, après 5h53 de course et probablement 4 heures de danseuse, nous terminons à une fière 5e place et restons à 13 minutes du podium pour le général. Tout n'est de loin pas joué, je peux vous le garantir.

 

Etape 2, Hermanus - Elgin, 91km, 1925m d'asencion

Forcément, les jambes sont dures aujourd'hui. L'effort et la déshydratation n'ont pas aidé. Mais bon, il n'y a que 91 bornes à couvrir. Un beau parcours qui nous amène d'Hermanus à Elgin. Nos valises refaites, nous nous rendons sur la ligne de départ pour nous élancer à 7h15 dans le groupe B. Les Allemands sont à nouveau parti plus tôt (ainsi que les roses) et nous sommes aujourd'hui dans le même groupe que les espagnols rouges, une équipe belge, une sud-africaine et une américaine. L'idée du jour est de récupérer physiquement si besoin de nos aléas de la veille. Le début de course se passe plutôt bien. Nous partons vite et nous accrochons aux Américains qui semblent avoir découvert le banago. Non seulement ils avancent comme des avions, mais lui n'arrête pas de parler. Juste agaçant. Ils finissent par partir devant. Nous nous retrouvons dans un groupe bien roulant, aux côtés d'Oscar et de Natalia.

Les problèmes mécaniques ne sont pas mon genre, mais ce Cape Epic semble ne pas suivre les habitudes. A la relance du descente très rapide, le peloton se resserrent. Je me fais légèrement déporter sur la gauche et croche le dérailleur d'Eric dans ma roue avant. Un bruit un peu sinistre, les coureurs autour qui disent oulala, mais rien de plus qui ne se passe. J'ai juste maintenant un petit glingling au niveau de mon vélo. J'analyse la situation et me rends compte qu'un de mes rayons est péter. Il est par chance coincé dans les autres et la roue n'est pas voilée. Je continue mon chemin. Au passage du deuxième ravitaillement, j'en profite pour l'entourer un peu plus solidement au rayon voisin. Natalia fonce sans s'arrêter pendant qu'Oscar prend sont temps pour remplir les bidons. Nous nous retrouvons entre les deux pendant quelques minutes, le temps que notre champion du monde décide de mettre quelques watts de plus pour rejoindre sa belle. Quelle enfumée !!! Et avec le sourire, ce gentleman:-)

Seuls sur une portion de terrain plat zigzagant à l'infini dans le sable et la bruyère, j'ai un petit passage à vide et fait mon possible pour rester concentrée dans la roue d'Eric. Enfin une bosse. Je retrouve un bon rythme. C'est    maintenant à son tour d'être dans le dur. Il a tellement tiré dans les portions plates que ses jambes commencent à cramper. Un long béquet à 15 kilomètres de la fin lui donne le coup de grâce. C'est dans la douleur qu'il surmonte les dernières petites bosses. Je l'aide comme je peux, lui prend un moment son vélo pendant qu'il marche quelques mètres, essaie de le tirer sur les portions les plus raides et c'est grâce à son courage que nous rejoignons l'arrivée sans perdre trop de temps, terminant en 6e position. Merci à lui pour sa persévérence.

C'est certain, nous aurons bientôt un jour où tout sepassera bien !!!

 

Etape 3, Elgin - Elgin, 107km, 2450m d'ascension

L'étape du jour est taillée pour nous. Deux poids plume à l'assaut d'une longue bosse tout comme chez nous. Et pour couronner le tout, il fait froid et nous pourrions avoir de la pluie. Les Allemands, les Espagnols rouges et les Américains partent 10 minutes avant nous. Il nous faut donc maintenant gérer les Espagnols roses et les Sud'Af. Nous sommes tous assez proches au passage du premier ravitaillement, nous en tête. Les roses ne s'arrêtant pas, ils reprennent la tête avant la longue bosse d'environ 10km pour 600m d'ascension. Nous les repassons à peu près à mi-longueur, pour ne plus les revoir.

Comme promis, il commence à pleuvoir. Nous sommes dans le brouillard, trempés, mais efficaces. Et qui dit longue montée, dit aussi longue descente :-) D'anthologie. Nous passons les équipes les unes après les autres, prenant notre pied dans la caillasse mouillée. En chemin, nous revoyons nous sans surprise les Sud-africains que nous pensions loin derrière. Ni vu ni connu, ils nous avaient également dépassés au premier ravitaillement. Mais bon, le terrain étant toujours délicat, nous les décrochons assez rapidement. Madame n'aime pas trop l'aspect technique de la course.

Nous continuons notre route et couvrons la deuxième moitié du chemin sans flancher, pour terminer à une 4e place méritée. 

Debriefing avec le team, frozen latte, récup, entretien du vélo, souper, dodo. La routine quoi:-)

 

Etape 4, Elgin - Elgin, 41km, 850m d'ascension, contre-la-montre

La quatrième étape est un contre-la-montre de 42 km. Départ pour nous à 8h32. Après une pseudo grâce matinée, nous sommes au taquet. Je fais un échauffement sur une des spinnings à disposition. 30 minutes qui me permettent de me détendre les jambes. La pompe réagit chaque jour un peu moins bien, mais bon, nous verrons. Nous partons toutes les 15 secondes, dans l'ordre du classement général, donc une minutes derrière les Sud'Af. Notre objectif du jour est de leur reprendre un maximum de temps. Nous sommes maintenant 5e au général, avec 9 minutes de retard. Au signal du commissaire, nous fonçons dans le champ, mon coeur un peu récalcitrant m'obligeant cependant assez vite à ralentir. Heureusement pas pour longtemps. Nous nous éclatons dans des singles magnifiques, et avalons les montées à un rythme convenable. A force de patience, nous rejoignons les Africains, les passons, continuons sur notre lancée, pour terminer l'étape du jour avec 3 minutes d'avance à une nouvelle jolie 4e place.

Reste un peu moins de 3  minutes à grapiller pour les jours suivants. 

 

Etape 5, Elgin - Stellenbosh, 100km, 2800m d'ascension

Nouvelle étape en ligne aujourd'hui pour rejoindre notre 3e campement à Stellenbosh. La routine du matin est bien réglée, avec un petit-déj sous forme de gâteau sport dans ma tente à 4h30, puis café à l'ouverture du buffet entre 5h et 5h30. Préparation de la fille, du vélo et des bagages avant de nous échauffer de moins en moins efficacement au fil des jours et de nous rendre dans la grille de départ à 7h. 

Troisième étape reine de la semaine, cotée la plus difficile de toutes. Nous ne sommes plus très fringants, mais la motivation est là et nous allons tout faire pour piquer la 4e place du général aux Sud'Af. Première bosse, bonne montée. Les espagnols roses nous enquiquinent un peu. Je ne sais pas s'il y a eu du grabuge dans le couple, mais lui semble de mauvaise humeur et fait tout pour ne pas nous laisser passer. Pas du tout inquiets quant au fait que nous allons finir devant eux, nous évitons surtout de nous faire bousculer. Les Sud'Af étant déjà derrière et hors de vue, je prends un faux rythme et nous nous faisons encore ralentir dans un long single sablonneux où il est vraiment compliqué de dépasser.

C'est au début d'une section de portage obligatoire que nous nous faisons finalement rejoindre par les Africains. Ils restent à notre niveau durant tout le kilomètre de descente au pas de course sur des plaques de cailloux glissants, avant d'être finalement largués lorsque la descente s'est poursuivie sur le vélo. Contents d'être à nouveau devant, nous ne ménageons pas nos efforts sur les 25 kilomètres suivants. Eric est une machine et me tire sur cette portion plus plate à une vitesse d'enfer. Nous passons l'équipe d'Arianne Lüthi au bas d'une montée conséquente. Notre tempo reste élevé dans la bosse et nous passons des gars les uns après les autres. Sachant que nous basculerons au sommet dans une des plus belle descente de la semaine, je mets toutes mes forces dans les 50 derniers mètres vraiment raides pour dépasser les deux seules équipes encore devant nous. Eric me suit et nous plongeons avec bonheur dans une succession de petits sauts et virages relevés. Les deux filles nous rejoignent après trois kilomètres. Nous les laissons passer et nous faisons un plaisir de les suivre, filant à toute vitesse vers le bas de la pente.

La fatigue commence certes à se faire sentir, mais c'est sans économiser les moindre forces que nous parcourons ensuite les 20 kilomètres manquants pour rejoindre l'arrivée. L'équipe Nardinature nous y attend comme chaque jour. Ils nous annoncent avec un sourire resplendissant que nous sommes sur le podium, à la troisième place de l'étape, derrière les Stark et Freire/Egusquiza. Trois minutes plus tard, les Sud'Afs n'étant toujours pas là, nous prenons également la 4e place du général. Une étape magnifique, une forme des grands jours et une cérémonie de remise des prix dont tout le Team se souviendra longtemps. La fête attendra cependant dimanche soir :-)

 

Etape 6, Stellenbosh - Stellenbosh, 89km, 2650m d'ascension

J'y reviens dès que possible, les journées sont bien remplies

4e derrière les Allemand, les Espagnols une équipe belge très sympa et toute heureuse de monter une fois sur le podium. 

 

Etape 7, Stellenbosh - Val de Vie, 70km, 1800m d'ascension

Dernier réveil aux aurores, dernier gâteau-sport, dernier rangement du sac, dans quelques heures nous serons à Val De Vie, point final de notre parcours. Je suis nerveuse. L'étape ne fait que 70km, mais c'est encore largement assez long pour avoir un pépin qui nous empêche de terminer la course. Je me répète de rester bien concentrée malgré la fatigue. Le reste importe peu, le général est normalement réglé.

Nous partons dans notre groupe B habituel, assez devant pour éviter une éventuelle chute collective dans les premiers 10km qui sont sur route goudronnée en léger faux-plat montant. Le peloton s'élance à toute vitesse. Je reste bien au chaud et m'accroche comme je peux au premier groupe. Lorsque je me dit que ça va vraiment à fond et qu'on pourrait envisager de ralentir, l'équipe mixte belge me dépassent et semble bien vouloir rééditer leur exploit de la veille. Une fois ... je vous dit bravo :-) Deux fois ... vous ne m'y reprendrez pas:-) Je fous les watts et les repasse, m'assurant cette fois de rester le plus à l'avant possible. Le jambes piquent fort, mais je résiste aux relances. La route goudronnée devient chemin forestier ... je m'accroche encore. Le mental est bien plus solide aujourd'hui, l'effort soutenu semble réveiller ma pompe endormie de la veille et je ne flanche pas jusqu'au sommet de la première et plus longue bosse du jour. Eric est là, il tient le choc, comme moi. Belle descente, ravito, raidards dans les vignes, descentes vertigineuses sur des chemins pavés, à mi-course environ, nous approchons du deuxième point d'eau. J'avance toujours vite, Eric est souvent juste derrière, et je sais que je nous en demande beaucoup. Mais je commence à la connaître, et les belles batailles ne lui ont jamais fait peur. Au contraire.

Je pense petit à petit aux derniers 15 kilomètres du parcours. Ils sont plats, peut-être tout droit, et pourraient vite devenir un enfer si nous nous retrouvons seuls et fatigués. Eric donnera tout pour me tirer, je le sais d'avance, mais nous pourrions nous éviter cette galère en nous joignant à quelques autres bons rouleurs. J'aperçois devant moi 4 coureurs de la même équipe. Ils vont vite, mais nous gagnons un peu de terrain sur eux et leur compagnie pour la suite me semble idéale. J'arrive à prendre la roue des deux premiers, Eric est juste derrière moi, les deux autres encore derrière. Parfait. J'ai l'espoir qu'ils s'attendent un peu et que nous puissions ainsi tenir leur rythme. Il ne restent plus de longues bosses, mais des petits coup de cul à répétition. Nos deux gaillards sont aussi forts à la montée qu'à la descente. Nous prenons quelques risques pour les suivre dans de magnifiques singles techniques, bouffons de la poussière à revendre, et nous accrochons comme nous pouvons à eux, faisant souvent l'accordéon en fonction du terrain. Eric est toujours juste derrière moi. Je sens qu'il souffre, mais comme il ne dit rien, d'entente c'est que ça va. J'ai en permanence ce plat final en tête. Si nous lâchons maintenant, nous aurons fait tous ces efforts pour rien. Reste un dernier ravito. Vont-ils s'arrêter ? Aurons-nous le luxe dans cette fournaise de nous désaltérer ? A l'approche, ils lèvent le pied. Ouf !! Une fois qu'ils sont stoppés, je me plante discrètement devant le premier, histoire de permettre à Eric de prendre aussi un gobelet au vol. Et après cette trêve de très courte durée, nous repartons avec eux. Re – Ouf !!! C'est finalement peu après, dans la dernière petite bosse, losque nous revenons sur d'autres coureurs, que je me dit que ça commence à sentir enfin vraiment bon.

Au bas de la dernière descente, nous sommes cuits mais à l'arrière d'un groupe de 8. Magnifique, nous avons réussi. Reste à laisser défiler les kilomètres finaux, profitant à fond des grands gabarits qui nous précédent. Et c'est dans cet élan de groupe, que nous revenons non sans surprise sur les leaders de la catégorie mixte parti 10 minutes avant nous. Les maths sont faciles, nous sommes une nouvelle fois sur le podium !!! Quelques derniers lacets dans le sable, une rivière à traverser, un champ à longer et c'est plein gaz que nous passons enfin la ligne d'arrivée. Speaker, public, hélicoptère, bénévoles, du bruit et des gens partout ... Au milieu de ce fracas, nous ... finishers un peu sonnés, et tout près derrière les barrières, Nardinature au grand complet, les yeux brillants de toutes ces émotions partagées. 

Il est maintenant bientôt 4 heure du matin. Une nuit qui sera certainement blanche comme souvent après les courses. Depuis midi, il y a eu les bravos, les accolades, la découverte que nous étions deuxièmes, le podiums avec les stars, les photos, ... Puis le pic-nic, l'hôtel, l'emballage des vélos ... et enfin le souper bien mérité, avec un excellent merlot du coin pour accompagner viande rouge et gâteau au chocolat. Miam miam miam :-)

Je ne saurai m'arrêter sans remercier Louis et Claude qui nous ont apporté leur enthousiasme et les moyens logistiques pour participer à cette odyssée, mes parents qui depuis 10 ans me suivent sur tous les terrains avec compréhension, énergie et passion, et enfin Eric qui par sa compagnie, sa persévérence et son authenticité a fait de ce périple une telle réussite.


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