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O-Tour Bike Obwalden

Dimanche 8 septembre 2019 à Alpnachstadt, Obwald


DNF - Did Not Finish

 


Aujourd'hui, une médaille aurait pu être possible. L'or probablement pas, mais peut-être l'argent, et certainement le bronze. Les jambes étaient là, le mental aussi, mais Dame Nature m'a joué des tours. 

Depuis toujours, je sais que je ne supporte pas bien le froid. Alors j'appréhendais cette journée pluvieuse. Mais c'est motivée que je me lance dans la première longue montée. Sosna prend les commandes, le peloton s'étire, l'arrière lâche, nous nous retrouvons à 4. Sosna accélère, Esther Süss la suit un moment, je reste avec Ariane Lüthi à 50 mètres derrière. Sosna accélère encore, je ne la reverrai plus, Esther ne peut pas la suivre non plus.

Au fil de la montée, le rythme reste bon. Je m'entends bien avec Ariane et nous parvenons à revenir sur Esther, puis à la distancer dans la dernière partie de l'ascension. Les jambes sont toujours bonnes, mais la pluie est plus constante et nous ne sommes plus protégées par la forêt. Trampées par le ciel et innondées par le terrain gorgé d'eau, nous attaquons une longue portion scabreuse dont une partie se fait à pied. Nous sommes toujours assez haut en altitude et je commence à perdre des degrés. Première descente sur chemin blanc, ma tête commence à prendre froid. Je ne sens plus mes mains et les vitesses sont compliquées à changer. J'ai également beaucoup de mal à me ravitailler. Mais les jambes tiennent. Pendant ce temps, Ariane est partie devant. Je ne la vois plus. Mais Esther n'est toujours pas revenue et la médaille est toujours en ligne de mire ... Si je parviens à ne pas me congeler. Arrivée au point le plus éloigné du parcours, j'engouffre deux gâteaux au ravito et m'élance dans un bout de descente un gel dans les mains. Avec un mal fou, je parviens à l'ouvrir et à en avaler la moitié. J'essaie alors de repartir. Mais mes jambes commencent à ralentir. Puis c'est la déconfiture. En l'espace de quelques kilomètres de plats, descentes, coups de cul, re-descente, je commence à me tétaniser. Mes épaules sont tellement raides que ma roue est seccouée par mes tramblements. Il me faut 5 secondes pour repartir au passage d'un obstacle à pied, je ne vois plus bien et commence à craindre une chute stupide. Avec tout ça, je n'avance plus. Esther me passe, puis Andréa Ming, et d'autres. Mon seul but est maintenant de poursuivre ma route et de m'arrêter au premier signe de civilisation. Même le retour à Alpnach, milieu de parcours ne me semble plus possible. Après encore probablement dix minutes de galère, j'arrive enfin vers un bénévole. A voir ça tête, la mienne ne doit pas faire envie. Il Tout inquiet, il m'aide à descendre de mon vélo,  m'enroule dans une couverture et m'escorte jusqu'à sa voiture. Il ne peut cependant pas quitter son poste d'aiguilleur. Voyant qu'après 5 minutes, je tremble toujours comme une feuille, il décide d'appeler l'ambulance. Mais l'accès n'est pas facile et je dois passienter une bonne demi-heure avant d'être évacuer. Je tremble un peu moins, mais ce n'est toujours pas jojo. Sous l'oeil bienveillant de l'ambulancière, je peux enfin me débarasser de mes habits trempés et m'étendre sous des poches chauffantes. Quel bonheur. Petit check dans l'oreille, ma température est à 34,2. Aïe. Si ça ne remonte pas vite, pour eux c'est l'hosto ... Je peux au moins les rassurer quant à mon rythme cardiaque à 45. Ca, c'est normal :-) Par chance, il nous faut à nouveau 30 minutes pour rejoindre la plaine et j'ai le temps de reprendre des couleurs. Petit arrêt à l'hôpital pour reprendre des nouveaux draps, détour au coeur du village pour récupérer une paire de chaussures dans ma voiture, nous arrivons finalement à la ligne d'arrivée ... en même temps que les garçons qui viennent de finir leur course. Alors très attentionné, l'ambulancier me propose d'attendre encore quelques minutes avant de descendre. D'après lui, pas sûr que les médias passent facilement à côté d'une participante vêtue d'une simple couverture. A y réfléchir, ça aurait pu être un souvenir marrant  !!!

Quoi qu'il en soit, je ne regrette rien. J'étais avec les filles de tête et l'abandon était ma seule option. Peu de chance que les conditions soient aussi mauvaises dans deux semaines à Grächen. Le maillot suisse me protégera

Un immense coup de chapeau à tous ceux qui ont terminé la course aujour'hui. C'était dantesque