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Il Ciocco, Championnats du monde marathon master

Samedi 25 septembre 2021, Il Ciocco, Toscane, Italie


Championne du monde master
en 4h18'22''


J’ai dormi quelques heures, juste assez pour dire qu’un nouveau jour débute. La maison ici en Toscane est encore bien tranquille au lendemain d’une journée bien remplie.  Le moment idéal pour revenir sur cette conclusion magique.

Samedi 25 septembre, dernier date de mon calendrier sportif, je me lève d’un pied joyeux à 5h30 pour le petit-déjeuner. Je ne suis de loin pas encore dégoûtée de mes nouilles de riz traditionnelles d’avant effort. Un peu de chavroux pour l’onctuosité et tout est très vite avalé. 6h, café et création du groupe what’s app, 6h30 le reste du team émerge, deuxième café et départ à 7h15 pour nous rendre à Il Ciocco, centre sportif et hôtelier à 10 minutes de Barga près de Lucca.

Au programme, deux passages sur une boucle de 32 kilomètres et 1300m d’ascension, environ 4h30 de course sur des terrains variés, exigeants et potentiellement piégeux. Il me faudra vraiment être à mon affaire.

Mais je suis tellement rodée. La suite est simple. Après l’échauffement et la routine habituelle, je me rends près du départ. Les 130 hommes sont appelés en premier, les 18 dames derrière. Nous sommes 6 dans ma catégorie d’âge (40-44) et c’est probablement entre 4 d’entre nous que le classement scratch va se jouer. Mais je suis sereine car je sais que j’ai toutes mes chances.

9h, les hommes s’élancent. Habituée à la fougue de l’élite, à peine le dernier ayant avancé, je me mets en mouvement pour me placer idéalement sur la ligne. Avec trop d’énergie certainement. Je suis la seule à bouger, le commissaire me rappelle et tout le monde sourit, convaincu que j’allais par erreur partir avec le premier peloton. Du coup, je me marre aussi. Chez les vieux, on n’est pas pressé :’-)

9h05, c’est notre tour. Les deux cent premiers mètres se font le long du stade. Je me place tranquillement dans le groupe et observe la situation. La première montée se profile très vite. Elle dure environ 15 minutes. 3-4 filles prennent les commandes, je les suis des yeux et des pédales. Je suis très concentrée. Pas question de me faire distancer bêtement. Karin Tosato, la fille dont je me méfie le plus, part seule. Je prends sa roue et nous créons rapidement un écart conséquent avec les autres concurrentes. Je la laisse mener et observe encore. Elle semble souffler plus fort que moi et c’est plutôt bon signe :-)  Dans la première section de descente, elle est à l’aise. Comme moi, elle a opté pour un vélo tout-suspendu sur ces chemins irréguliers. Nous sommes donc à armes égales. Après une dizaine de minutes, nous rattrapons les premiers hommes. Je prends les commandes un peu par politesse et en profite pour la tester discrètement. Elle est là, mais pas avec grande facilité. Nous nous élançons dans la longue partie en dents de scie qui nous permet de rejoindre Barga, point le plus bas du parcours. De la descente, des bequets, des singles, une église, … nous restons ensemble, à l’affût de toute indication qui puisse dire laquelle de nous deux est la plus en forme. Pour le moment, égalité, avec pour moi l’énorme avantage que je ne dois pas encore forcer et que je sais que je tiendrai normalement sans soucis les 64 kilomètres à ce tempo-là.

Nous traversons la route du complexe une première fois. Louis, Claude et André devraient être là pour prendre les premiers écarts. Ne les voyants pas, je me dis que quelque chose n’a probablement pas tourné rond au niveau de leur déplacement. Je ne me formalise pas et poursuis ma route aux cotés de Karin. Nous roulons encore 5 minutes. Elle est quelques mètres devant moi dans un partie tournante et un peu plus technique, lorsque j’entends sur son vélo un craquement mécanique assez sinistre. Elle pose pied, le nez dans son dérailleur. Je la passe en lui disant que je suis désolée pour elle, et intérieurement je le suis vraiment, mais ne ralentis pas pour autant. Je file sans demander mon reste, un oeil régulièrement en arrière pour checker le retour de son casque blanc. Rien ne vient.

Arrivant au premier ravitaillement, je ne suis qu’à moitié surprise de ne pas y trouver Denise, Cédric et Pierre-Yves. Il y a donc réellement eu des soucis de circulation. Comme ce n’est de loin pas la première fois que ça arrive sur ce genre de courses, je sais heureusement pertinemment qu’il ne faut pas me délester de mon bidon avant d’avoir l’assurance d’en recevoir un autre. Le mien étant encore à moitié plein, je repars sans grande inquiétude, sachant qu’il me faudra juste économiser un peu durant l’heure à venir, et qu’en plus, il devrait y avoir un poste officiel avec de l’eau quelque part le long du chemin. Ne sachant pas vraiment où en est la situation derrière moi, je trouve un rythme efficace et confortable. La route est encore longue, je n’ai couvert qu’un quart de ce parcours exigeant, peu roulant et passablement physique.

J’attaque le premier passage sur la plus longue montée avec toujours tout de même un oeil dans le rétroviseur. Sommet de la bosse, jolie descente technique et je rejoins le stade du départ. La moitié du chemin est faite. Claude est là comme attendu. Je refais le plein de liquide, et repars dar dar, une banane à la main. J’avais faim. Rebelotte la montée de 15 minutes et la descente dans la caillasse. En passant à Trepignana, le parcours fait une petite boucle autour de l’église. Ca monte raide, redescend, puis petit portage, avant de rejoindre la route principale avec une très bonne vue sur l’arrivée dans le village. Et là, je me retrouve nez à nez avec Lorena Zocca, autre concurrente sérieuse de ma catégorie. Méchant oups … elle n’est finalement que quelques minutes derrière moi. Je m’ébroue un bon coup, réalisant soudainement que les derniers 20 kilomètres seront nettement moins sereins.

Je rejoins la grand route où André peu me donner pour la première fois des écarts. Au passage de la ligne 30 minutes plus tôt, j’avais 1’50 et 1’40 sur les deux concurrentes à mes trousses. Je n’ai pas le temps de regarder de qui il s’agit. Lorena, c’est sûr, je l’ai vue, et possiblement Karin, si elle a pu réparer son destrier. Cela veut dire qu’elle pourrait tout à fait être entrain de revenir au fil des kilomètres. Et comme je ne sais pas combien de temps elle a été immobilisée, je ne peux pas non plus savoir à quelle vitesse elle me revient dessus. Très concentrée, je vais au plus vite dans les parties techniques et commence à engager la vitesse supérieure dans les montées. De retour à Barga, Denise et Pierre-Yves sont cette fois bien là, Cédric un peu plus loin avec son panneau d’affichage. Au dernier pointage 15 minutes plus tôt, les écarts sur les deux autres sont alors de 2’10 et 50 secondes … Oulàlàlàlà. Avance fondue !!!!! Il reste à ce moment-là environ 1h 30 de course. A part quelques petites alertes de crampes, les jambes sont encore excellentes. La dernière montée étant longue mais régulière, je ne devrais pas y caler. Du coup, je peux sérieusement maintenant commencer à tout donner. Et j’enclenche le turbo. Traversée du village, quelques lacets bien raides, single montants, descendants, chemins de terre, vieille route en pavés, je ne prends même plus le temps de regarder le motard des médias qui m’escorte sur de nombreux tronçons. Je suis au taquet, les neurones en ébullition, concentrée sur l’unique objectif du moment … avancer le plus vite possible … Car ce titre, je l’aurai. La montée finale dure 30 minutes. Le temps s’égraine, je suis à fond. J’ai déjà fait tellement plus dur, tellement plus long !!! Encore 20 minutes, personne ne revient, j’appuie encore plus fort. Je commence à compter en virages, il n’en reste que quelques uns, et toujours pas de fille sur mes talons. Et là, je me dis que ça commence à sentir vraiment trèèèès bon :-) Parce que la dernière descente, je l’ai faite au moins 5 fois en reco, qu’elle est belle, ludique, sans piège majeur et que je la connais par coeur. Je regarde mon joli vélo, lui avoue tendrement qu’on a plus qu’à rentrer sans erreur, et plonge avec lui vers beaucoup de bonheur. Avec au final plus de 10 minutes d’avance sur la deuxième, nous planons sur le dernier kilomètre, pour ne plus toucher terre du reste de la journée.

Arrivée, photos, La Rai, interviews, embrassades, yeux rougis, bouquet, antidopage, podium, cérémonie, médaille, arc-en-ciel, hymne national, joie, fierté, reconnaissance … Un tourbillon de magie pour clore de la plus belle des manières cette décennie de folie !!!!


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