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Raid Evolenard, Championnats d'Europe Marathon Master

Dimanche 20 juin 2021, Evolène, Valais


1ère Dame Master, catégorie 40-44 ans

2e Dame Master scratch

en 4h05'30''


Retour aux affaires après 18 mois sans course longue distance. Mon dernier dossard en VTT marathon, avant celui-ci, remonte en effet aux Mondiaux de Grächen en septembre 2019. Il y a eu un certain bug entre deux :-)

Je me prépare donc à cette belle échéance avec seulement une Raiffeisen Trans de 45 minutes la semaine précédente dans les jambes. Masi bon, pas de quoi s'affoler. J'ai du métier et les course, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas !!!

Je monte à Evolène 3 jours avant pour me mettre en condition et récupérer un maximum. Le calme et le confort de l'hôtel Dents de Veisivi aux Haudères font merveille. Je suis rejointe par toute mon équipe de soutien le samedi soir. Souper, briefing, organisation des ravitaillements et différents points d'observation avant un dernier gros dodo. Je suis prête, plus affutée que jamais et tranquille dans ma tête. Du coup, le sommeil ne se fait pas trop prier avant de venir. Je rêve certes de changements de parcours, mais pas assez pour vraiment me troubler.

5h45, le réveil sonne. Presqu'une grâce matinée par rapport à certains autres marathon. Petit-déjeûner en chambre et je monte en selle pour rejoindre Evolène ou je m'échauffe un peu. J'ai un coup de sang lorsque ma roue avant commence à vibrer dans tous les sens au premier vrai fraînage. Rien de tout ça la veille. Je descends illico de ma bécanne et seccoue fourche, guidon et roue dans tous les sens. Tout semble tenir bon et je décide de ne pas en parler pour éviter la panique. Je verrai bien en course.

8h45, je rejoins la ligne de départ. Nous sommes un petit groupe de 14 dames master dans le deuxième bloc. Théoriquement 5 dans ma catégorie 40-44 ans, je m'aperçois rapidement que l'Italienne tenante du titre n'est pas là. Elle était une de mes plus grandes rivales avec Carole Perrot, copine neuchâteloise qui s'entraîne également au Fitness Maréchal. Voilà donc une adversaire de moins à surveiller.

A 9h, les Elites dames s'élancent. Nous les suivons à 9h03, puis viennent les hommes de plus de 50 ans à 9h06. La moitié d'entre eux me rattaperont au fil du parcours.

Nous partons de bon coeur dans la première petite boucle au dessus d'Evolène. Rien de bien méchant, mais une montée qui se fait à bon rythme. Les jambes sont encore fraîches. Nous retraversons le village sous les vivas de la petite foule masquée mais belle et bien présente avant d'attaquer la première longue ascension du jour. Nous sommes un groupe de 5 à l'avant, mais nous retrouvons rapidement que trois, Silvia Scipioni (catégorie 35-40 ans), Carole et moi. Je connais tellement bien ce tracé. Je sais qu'il faut que je garde du jus pour la deuxième moitié. En 2016, j'étais partie comme une fusée pour rester avec la tête de course au championnats suisses. J'avais explosé avant la fin de la première montée, et vécu les plus longues 4 heures de ma vie pour pouvoir rejoindre l'arrivée. Pas question que ce scénario se répète. Carole étant ma seule adversaire potentielle pour le gain du maillot, je décide de rester avec elle et de ne pas prendre le risque de suivre Silvia qui est particulièrement rapide. Nous nous relayons quelques fois, puis je reste devant et prends un rythme qui me convient. A mi-hauteur, Carole commence à lâcher du terrain et c'est avec une petite minute d'avance que je me lance dans une jolie descente technique puis sur un long sentier pédestre à flanc de côteau. Au premier ravitaillement, je retrouve les Steph et Bernard. Un bidon et deux gels avant de poursuivre ma route. J'ai alors 2'30 de retard sur Silvia et 1'30 d'avance sur Carole. C'est reparti pour une ascension régulière. N'ayant pas tant d'avance que ça, je ne traine pas. Au deuxième temps intermédiaire 20 minutes plus haut, j'ai 3'10 de retard sur Sylvia et 3'45 d'avance sur Carole. Encore un peu de bosse sur les hauteurs avant de plonger vers la route d'Arolla, de passer 3 galeries couvertes et de terminer la descente sur un long chemin forestier qui nous mène aux Haudères.

L'aller-retour qui arrive, 10 kilomètre le long de la rivière, me fait un peu soucis. Ce n'est pas le genre de terrain que je préfère. Mal plat, avec beaucoup de relances, il faut du rythme et de la puissance. C'est par chance à ce moment-là qu'un master homme me rejoins et je fais le nécessaire pour rester avec. Nous ne sommes pas deux fusées, mais le fait d'être deux nous empêche au moins de nous endormir sur cette section piégeuse.

Retour aux Haudères, deuxième ravitaillement, les Steph sont là, au taquet, et Bernard m'annonce 3'30 d'avance sur Carole. Pas de quoi baisser la garde. Je sais qu'elle sera régulière jusqu'au bout et que je ne suis pas à l'abris d'une baisse de régime dans la deuxième boucle. Je repars dare dare à l'assaut des champs de moutons. Montée bien raide, petits sentiers irrégulier, zones ou il faut marcher. J'ai parfois la vue derrière moi dégagée et prends le loisir de jeter un coup d'oeil inquiet. Carole ne revient pas. Je ne sais pas trop comment va Silvia à l'avant. Ce qui est sûr, c'est que ne la voyant jamais, elle doit avoir une méchante avance maintenant.

Petit segment sur route goudronnée. Je m'abreuve et mange un peu. Pour la première fois, je ne consomme que des gels. Un essai pour voir comment sera mon niveau d'énergie en fin de parcours. Pour le moment, cela semble convenir. J'arrive en vue de la Forclaz où les organisateurs ont ajouté une petite variante pour l'occasion. Au lieu de traverser bêtement le village, nous plongeons sur un chemin qui nous mène au fond d'un mur, qu'il faut évidemment affronter. Deux minutes à une moyenne de 5km/h. Cela ne semble certes pas très long, mais après presque 3 heures de course, ça fait mal aux pattes :'-) Je suis cependant portée par les encouragements de mes parents, de mon frère et de ma nièce qui m'ont fait le bonheur d'être là. Et rien de tel qu'un "Allez Tata" pour me donner des ailes !!!! Ravitaillement suivant, je dois normalement retrouver mon équipe de soutien. Ils ont semble-t'il quelques minutes de retard :-) Mais c'est sans gravité. J'ai appris, par expérience, à ne pas me délester de mon bidon avant d'avoir l'assurance d'en recevoir un autre, et j'ai toujours dans mes poches un ou deux gels de réserve pour faire face à ce genre de situation.

Je continue donc ma route, juste un peu plus dans l'inconnue par rapport aux écarts avec mes concurrentes. On me dit 2'30 devant, aucune idée derrière. Mais c'est de toute façon la dernière montée. Elle dure 40 minutes, la vue y est souvent dégagée, j'ai encore bien de l'énergie et aucune raison de m'économiser. J'attaque les poucentages élevés de bon coeur et bouffe quelques dames élites au passage. Mon coup de pédale est efficace et j'avance bien. Je n'arrive cependant toujours pas à voir Silvia devant moi. Heureusement, je ne vois pas Carole derrière non plus. Après environ 3h30 de course, je ressens mon premier vrai coup de pompe. Heureusement, ce n'est plus très long. Le vent est de dos lorsque je longe les derniers alpages. Il me semble reconnaître le coup de pédale de l'Italienne un peu plus haut, mais comme il y a d'autres concurrentes elites, c'est difficile à m'assurer que c'est elle. Et de toute façon, elle descend aussi bien que moi. Je ne la reverrai plus.

Au Lachiores, les masters ont la chance de pouvoir court circuiter la dernière méchante bosse de 4 kilomètres. Privilège de mon grand âge, un sourire radieux aux lèvres, je fais signe de la main aux "pauvres" qui me surplombent, fait marrer la bénévole qui nous aiguille au croisement, et m'élance dans les 30 dernière minutes de course, principalement de la descente. Un dernier coup d'oeil vers l'arrière me convaint que je suis seule, et que la victoire ne se joue à ce moment qu'entre le chemin, ma monture et moi. Concentrée, j'opte pour une fluidité sans risque. La moitié est faite. Je traverse Villa ou je retrouve Bernard. Il m'annonce 1'30 derrière Silvia. A moins d'une erreur de pilotage, le maillot des 40-44 ans ne peut plus m'échapper. Mais une victoire au scratch serait encore plus belle. Que faire ? Tenter de revenir ? Le chemin est piégeux ... mon objectif est à portée de main ... comme me disait ma grand-mère, la gourmandise est un vilain défaut ... a vouloir tout gagner .... les idées se bousculent, et je me résout finalement à assurer. Et c'est le coeur joyeux que je parcours les derniers kilomètres du jour avant de savourer pleinement l'arrivée dans l'arène.

Et en y repensant il n'y a que mon coeur qui a vibré, au final ... ma roue ne m'a jamais embêtée :-)

Bonheur, larmes, embrassades ... médias, podium, maillot ... champagne, rires et photos ... Recette parfaite d'une journée étoilée !!!

Avec mes MERCIS sincères à tous ceux qui y ont pris part.


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